HOMMAGE A L’ECRIVAINE DJAILI AMADOU AMAL !!!

Pour le coup, les médias de l’Hexagone, pourtant des plus alertes, ne t’ont pas vue venir ; même pas une chroniqueuse(littéraire) dite spécialiste de l’Afrique, dont le radar sur la cuvée 2020 de la rentrée littéraire ne te détectera même pas !

Que tu en viennes à être présélectionnée pour le Prix Goncourt, oui le Goncourt, dis-je, le graal des prix littéraires de la littérature française !

Inutile donc de constater ici que tu n’étais pas déjà le favori. Sortie d’on-ne-sait-où, de quelque part dans les confins des dédales poussiéreux du Sahel, tu te seras imposée là où personne ne t’aurait imaginée, même dans les scénarios les plus fous de la fantasmagorie hollywoodienne. Les bookmakers attendaient Carrère, puis Le Tellier, qui, lui, sauvera in extrémis son scalp à la faveur de la machine Gallimard dont on connaît la force de persuasion ! L’air de rien, avec grâce, élégance et simplicité, tu viens de signer une des plus belles prouesses de notre temps, comme seuls les génies impétueux, portés par un destin hors normes, savent si bien le faire.
C’est d’ailleurs l’occasion de souligner l’audace de ton éditeur Emmanuelle Collas Galaade qui, en portant « Les impatientes » à l’affiche de sa maison d’édition au cœur d’une rentrée littéraire malmenée par la pandémie du Covid-19, apporte de façon éclatante la preuve qu’un bon éditeur reste celui qui entretient le sens du risque. Un bon orpailleur sait que l’or se trouve aussi là où on ne s’attend pas !
L’Histoire te tendait les bras, et tu y es entrée avec maestria par la grande porte. Incontestablement tu resteras la star de la rentrée littéraire 2020. L’élan d’enthousiasme pour ton succès, transfigurant les esprits, a remis à l’écrivain ses lettres de noblesse dans nos sociétés. Tu as changé le regard porté sur l’écrivain, mais pas que! Tu inspires ton monde, des générations d’aujourd’hui et de demain. Tu inspires surtout des vocations. Tu es, de ton vivant déjà, une icône accomplie! Ton nom se confondra à jamais avec l’ère nouvelle de la littérature francophone d’Afrique.

Je sais le cheminement que tu as enduré dans la gestation de ce roman, des nuits blanches de sacrifice, et parfois quelques larmes à l’égrènement des mots, preuves s’il en est besoin de ton humanisme et ta générosité exceptionnels. L’Association « Femmes du Sahel » que tu as fondée au lendemain de la publication de ton premier roman annonçait déjà la force de ton engagement intellectuel.
Tu le dis haut, la littérature peut aller au-delà de l’esthétique et défendre les causes. Des grandes causes. Voilà qui résonne impérieusement dans un monde aussi trouble que le nôtre ! « Les impatientes » s’adresse directement à l’âme humaine indépendamment de nos scaphandres dérisoires et futiles. Tu dis au monde entier que ta consécration est celle d’un combat, un combat pour la femme et pour l’humanité toute entière. Tel est ton message ultime gravé en lettres d’or dans les annales de l’Académie Goncourt, pour l’éternité ! Chapeau bas l’artiste !!!