DJAÏLI AMADOU AMAL OU LE FÉMINISME POST-MODERNE.

Les récentes sorties et les activités de la très célèbre écrivaine camerounaise à la renommée planétaire, Djaïli Amadou Amal, nous montrent une vraie image célébrée d’un féminisme d’un autre genre. Un féminisme qui se ne campe pas seulement dans les livres, mais, qui va au-delà des frontières des Belles-Lettres, pour se hisser au firmament et susciter sans coup férir, la création d’une nouvelle femme, d’un nouvel humanisme.


S’il faut s’abreuver de l’origine du vocable, on peut être tenté de définir le féminisme comme un ensemble d’idées politiques, économiques, philosophiques et sociales visant la promotion des droits et des intérêts des femmes dans la société civile. Pour ainsi dire que le féminisme, le vrai, embrasse toutes les ramifications de la vie ayant pour discriminant la valorisation de la femme. Et l’icône de la Plume, Djaïli, l’a compris.


En fait, pour la camerounaise, Prix Goncourt des Lycéens 2020, le féminisme n’est pas que dans les mots, les phrases, les pages, les livres ou encore les slogans. Le féminisme est aussi et surtout, dans l’agir, les gestes, les actions, l’assistance et j’en passe. C’est cette marque déposée qui suscite de l’admiration chez cette auteure dont la simplicité et l’humanité ne sont plus à rappeler.
Elle a compris mordicus qu’il y a un temps pour écrire, un temps pour agir et un temps pour être l’adjudante du changement. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui est renchérit par Ghandi quand il asserte avec véhémence : « sois toi-même le changement que tu veux voir dans le monde. »?


Pour preuve, pour promouvoir la littérature au Cameroun et construire le chemin qui mène vers son rêve, celui de libérer la femme du joug du patriarcat, Djaïli a mis sur pieds, au vu et au su de tous, une gigantesque bibliothèque qui porte son nom. De fil à aiguille, elle organise dans le même sens, des café-littéraires, des causeries éducatives, des séances de protection de l’environnement et que sais-je encore ?


De ce qui précède, Djaïli fait partie des rares idéologues qui disent  » faites ce que je dis et fais  ». Elle est dans le performatif et non dans le dilatoire. Elle a foncièrement compris que c’est à la femme de dessiner le monde qu’elle veut pour les femmes. Dans cette verve, Anais Nin dira : « Quelle erreur pour une femme d’attendre que l’homme construise le monde qu’elle veut, au lieu de le créer elle-même. »
Beaucoup sont dans le tiroir de l’histoire parce qu’ayant cru que l’homme serait le grand peintre de leurs vies.


En outre, ce qui captive plus, chez cette auteure à l’esthétique sobre et digestive, c’est son euphémisme. Cette capacité à mettre en lumière les exactions subies par la femme de manière révolutionnaire sans rébellion aucune. Elle est consciente que le tableau est certes sombre cependant, mais, au lieu de briser ce tableau, elle préfère plutôt l’éclairer. Cela me rappelle ces mots doués de Benoîte Groult qui affirment : « Le féminisme ne se résume pas à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse; c’est aussi à la promesse ou du moins à l’espoir, d’un monde différent et qui pourrait être meilleur. »
Très chère Djaïli Amadou Amal, un seul mot : continuez !!!


Ramses Foukouenchi